La Religion de Tim Willocks

En achetant la Religion je m'attendais un peu à autre chose. Disons un peu plus historique, plus poussé dans l'art de la critique religieuse. D'où le titre. En fait, la Religion ici désigne les Chevaliers de l'Ordre de Malte, les Hospitaliers ou Jean-Baptiste. Voila. Première fois que j'entends le terme La Religion pour les désigner, et pourtant j'en ai lu des ouvrages...
Bon, restera donc l'histoire...
En 1565 à Malte; Soliman le Magnifique envoie Mustapha prendre l'île afin de redorer le blason Ottomans...
Pendant ce temps, alors que les navires font voiles, Mattias (et pas Matthias comme dit la 4eme de couverture), mercenaire ayant combattu pour les Arabes aussi bien que les CHrétiens mais désormais trafiquants voit surgir une nuit dans son auberge une damoiselle envoyée par sa maîtresse, Dame Carla...Dame Carla dont le but est de retrouver son fils disparu...à Malte.
Hors, c'est justement ce que ne voulait absolument pas faire, prêter main forte aux CHrétiens car Mattias est renommé pour sa bravoure, fin stratège, bretteur etc, très demandé par (on va dire pour simplifier), l'adjoint de La Vallette, Starkley. Starkey le veut, demande fait tout pour l'avoir mais lui refuse.
Avec Carla...et bien il tombe dans les charmes et se retrouvent donc bon gré mal gré dans une guerre dont il n'a cure.

Entre réalité et fiction, critique et documentaire, le siège de Malte fut l'un des plus éprouvants et des plus grands. Dirigé par La Vallette, ce fut une guerre atroce.
Ici on placera donc notre héros dans un contexte particulier de la guerre des religions, héros dont la particularité est d'avoir été adopté par un Arabe à son plus jeune âge et d'être devenu Janissaire, je ne spoil quasiment pas.
Amour, romance, guerre, le début fut assez long, mais une fois plongé on y est, et l'ambiance est si lourde si prenante, que âme sensible s'abstenir tant les descriptions sont atroces, mais véritablement dignes de ces conflits acharnés. Morales, doutes, peurs, envies, terreurs, trahisons, politiques, géopolitiques, le conflit s'enlise et notre héros à cet avantage, il fera tout pour survivre, lui et dame Carla, quitte a également tuer des Chrétiens.
On n'est pas dans le manichéen, le Bien, le Mal, non, c'est gris, gris sombre et les Musulmans comme les Chrétiens ont tous droits à des passages tendres, tristes, dramatiques ou héroïques. Ok, léger avantage aux Chrétiens^^

Enfin que ne serait-ce un livre et ce conflit sans un individu...un inquisiteur et sa suite qui lui aussi sera intéressant à suivre, atypique, où justement l'amour, la gloire, la religion vont se mêler dans un maelstrom qui le verra perdre ou pas sa foi! Mais le personnage est attachant malgré tout...

Finalement à part le premier chapitre; c'est un sacré bon bouquin, véritable charnier, morbide, où l'on suit minutes après minutes, jours après jours (voir nuit), notre héros au sein de se siège intense. Encore une fois âme sensible s'abstenir...